Tous les jardins du monde I

ancien jardin potager

Ce texte, que l’on jugera peut-être un peu long, est un hommage tout droit sorti de mon vécu et de mon crâne, à tous les jardins du monde, et à tous les jardiniers, hommes, femmes, ornithorynques ou kangourous.

 

Pourquoi le jardin forêt ?

D’abord, qu’est-ce qui a bien pu me conduire, à près de 40 ans, à me mettre, comme soudainement, à planter des arbres, créer un jardin-forêt, étudier les écosystèmes, la botanique, la permaculture, Goethe, etc.

Cela fait neuf ans environ que je vis dans le Berry, et y ait mon propre potager, dont les surprises de la diversité m’étonnent à chaque nouvelle saison.

Pour exprimer comment j’en suis arrivé à avoir mon propre potager, puis à planter des arbres, il me faut préciser trois points. Trois souvenirs en fait, qui sont, dans mon passé, comme les germes de ce devenir arboricole qui dorénavant m’anime.

 

Enfance

 » Vous y mettrez un peu d’enfance. « , comme avait dit Louis XIV à Le Nôtre, à propos de l’élaboration des jardins de Versailles. Mettre de ma propre enfance dans les jardins que je crée m’est naturel… comme à tout jardinier je suppose…

Donc, mes trois souvenirs, tous trois liés à l’enfance. Un, le jardin incroyable de mon grand-père (ses tartes aux fruits rouge ou ses tomates non chimiquement falsifiées continuent de m’être présentes). Deuzio, mes séjours répétés dans le Midi à déambuler dans la garrigue, y cueillant sarriette, thym, romarin et Cie, mangeant des figues à même l’arbre, récoltant des amandes et les triant ensuite avec mon grand-père, etc. Et enfin, mon goût encré dans l’enfance également pour les Fables de La Fontaine. Lui dont j’ai envisagé un moment de suivre l’exemple en devenant ingénieur des eaux et forêts. Avant de me rendre compte qu’aucun métier universitaire ou d’ingénierie ne saurait satisfaire mon goût pour la liberté.

Chacun a, dans l’enfance, ses propres graines d’un devenir plus vivant, plus proche du vivant, ainsi présentes en lui, n’attendant que les conditions favorables pour se développer pleinement. Dans une vie en mieux, évidemment !

 

jardins en germes

Voyons maintenant les arbres, ou plutôt l’écosystème dans lequel les arbres poussent, et comment ils en sont arrivés à être ce qu’ils sont.

Je ne vais pas vous refaire, même en accéléré, toute l’histoire de la Terre, ce serait trop long.

Disons simplement que champignons et bactéries forment le terreau évolutionniste nécessaire au développement des trois règnes classiques : minéral (en tant qu’il est véhiculé par la Vie et la véhicule en retour), végétal, animal.

Si j’exclus le minéral en tant que matériau inerte, que pierre encore séparée du vivant, je peux dire de ces trois règnes, qu’ils leurs sont à la fois antérieurs, intérieurs et postérieurs ; comme si les trois règnes du vivant étaient un moment d’un flot de vie bactériologique et fongique incessant. C’est un point capital.

 

industrie de mort

Si toute l’industrie agricole, depuis ses premiers germes modernes, n’a eu de cesse de vouloir séparer les règnes (excluant les animaux des cultures, employant les tristement célèbres pesticides, excluant les végétaux entre eux via la monoculture, réduisant la richesse minérale naturellement produite, véhiculée et consumée par le vivant en des minéraux morts, tel le non moins tristement célèbre NPK, etc.), et de s’attaquer dans le même mouvement au terreau bactéro-fongique nécessaire à la Vie (la pasteurisation, tout comme la vaccination obligatoire, est une malsaine idéologie tenace) via des fongicides et des bactéricides de toutes sortes, ce n’est pas un hasard.

Car il y a des forces de mort et de séparation à l’œuvre derrière cette industrie. Et cette dislocation programmée du vivant est dans la logique même de l’idéologie qui la sous-tend, et pour laquelle le vivant ne peut être qu’à l’état séparé, fragmenté et immédiatement marchandisable. Et cette idéologie, bien sûr, vient de beaucoup plus loin que notre époque, même si c’est en celle-ci qu’elle manifeste vraiment toute sa nocivité destructrice, et ce à l’échelle planétaire.

 

C’est conscients de cela et de l’idée de la Vie rassemblant les trois règnes avec le socle de leur fécondité qu’il nous faut créer des jardin-forêts, des forêt-jardins, des friches comestibles de diversité, bref des jardins vivants pour une vie en mieux !

 

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