« Il faut partir ! »
Cette phrase je l’ai entendu presque dans toutes les bouches. Que ce soient les travailleurs sociaux, la thérapeute, la juriste de l’association ou encore les gendarmes. Tous m’avaient dit la même chose…
En rédigeant ces lignes, je fais aujourd’hui écho à l’article d’Olivier publié dernièrement, mais aussi référence à l’histoire de Julie Chatelet, et au fait de rompre la loi du silence.
Pervers Narcissique (PN). Il y a encore 6 mois, je ne savais même pas vraiment en quoi cela consistait. Ou plutôt en qui…
J’avais vaguement entendu ou lu ces termes, sans n’y avoir jamais vraiment prêté attention. D’ailleurs, j’étais incapable d’en donner une définition.
Cibler le problème
Octobre 2020
Obnubilée par la crise économique et sanitaire qui met à mal mon travail et menace mon activité, j’ai le moral en dents de scie, comme on dit. Consciente de l’épuisement psychologique qui me taraude, j’ai pris un rdv au CMP (Centre Médico Psychologique) afin d’obtenir aide et soutien. Je ne veux pas de médicaments, je souhaite des solutions pratiques pour me sentir mieux.
Retrouver ma vitalité, ma joie de vivre et mon enthousiasme naturel.
C’est lors de ce premier entretien que je rencontre Yamina. Le feeling est instantané, et le courant passe de suite entre nous deux. Pour moi qui suis souvent sur la défensive avec le personnel médical, c’est rare que je me sente ainsi en confiance aussi vite. Elle sera donc ma thérapeute pour les semaines et mois à venir.
À ce moment là, je n’imagine pas que le chemin sera plus long et bien plus ardu que prévu ! En fait, je n’imagine même pas ce qui m’attend !!
Dès nos premiers échanges, elle a cerné d’où vient le problème. Qui est le problème. Et tente de me l’expliquer, en vain. Je ne suis pas prête à entendre cela, et encore moins à comprendre.
Comme la plupart des victimes de harcèlement moral, ma réaction est le déni.
Ce n’est pas possible !!
Je m’en serai rendu compte …
Et je trouve des excuses, des tas d’excuses. Je lui trouve des excuses… Et je refuse tout simplement cette réalité bouleversante, inattendue et violente.
Parce que je ne comprends pas.
Comprendre
Novembre 2020
Sur les conseils de Yamina, je fais mes propres recherches sur le web. Pervers narcissique : définition, identification, éléments remarquables, mode opératoire, etc. Sidérant. Edifiant de constater autant de similitudes. Je suis intriguée et interpellée, certes, mais cependant, toujours pas convaincue…
Ce n’est pas possible !!
Pourtant, une liste retient mon attention. Celle rédigée par Isabelle Nazare-Aga, une psychothérapeute diplômée dans différents domaines, auteur également de plusieurs livres sur les manipulateurs (ou PN).
L’un des points (entre autres) fait vraiment écho en moi : « Fait constamment l’objet des conversations, même lorsqu’il n’est pas là »
Le doute m’obsède à présent. La désagréable sensation d’avoir passé des années à côté de quelqu’un que je ne connais pas vraiment. C’est violent.
Il me faut des preuves, du concret. Celles que j’ai déjà ne me suffisent pas, c’est trop ténu, aléatoire, ambigu.
Je n’arrive pas à y croire.
Pour m’aider à y voir plus clair et mettre en évidence ce jeu de dupe sournois et malsain, il suffit de provoquer quelques situations typiques, contextes ou discussions, et d’attendre la réponse.
Le couperet tombe.
Je constate amèrement que je me suis trompée. Que j’ai été sciemment trompée, abusée, rabaissée, dénigrée durant des années. Que ce n’est qu’un jeu. Un jeu pervers. Un jeu de destruction savamment calculé, anticipé, orchestré.
Je constate amèrement que la thérapeute avait raison. Que cette crainte enfouie au fond de moi est bien réelle. Bien fondée.
Plus de doute !
Je n’ai rien vu et rien compris ! Proie idéale et parfaite ! 🙁
Accepter et avancer
Bien sûr, il avait toutes ces incohérences, ces incompréhensions, ces aberrations qui m’agaçaient depuis toujours. Ces mensonges en définitive.
Non je ne me faisais pas des idées !! Et pourtant il me l’a répété et répété, cette phrase !! Maintes et maintes fois…
Instiller le doute chez la victime, fait partie intégrante du processus de destruction mis en place par les PN.
Il me faut des preuves. Une réalité sans équivoque. Pour ne plus douter et avancer.
Agir et ne plus subir.
Décembre 2020
Première déposition à la gendarmerie. Malgré l’insistance du représentant de l’ordre, je n’ose pas porter plainte, car j’ai peur. Et l’avenir m’a montré que mes craintes étaient fondées à ce sujet.
« Il faut partir » m’a-t-il dit, lui aussi !
Mais je ne veux pas partir, quitter ce lieu que j’aime, cette exploitation agricole que j’ai bâtie, mes animaux qui sont toute ma vie !
Quel dilemme !
Encore une fois, j’ai besoin de preuves concrètes, et je m’y suis attelée en cette fin 2020. C’est en partie ce qui aura provoqué le chaos dans lequel j’ai basculé avec mes animaux. Chaos qui était nécessaire pour sortir de cette voie sans issue.
Il m’aura fallu du temps pour écrire ces premières lignes, car prendre conscience de la réalité met une grande claque. Et il faut du temps pour le digérer, puis commencer à se reconstruire. Ma motivation la plus grande, est aujourd’hui d’aider d’autres victimes à identifier la problématique, et surtout, à s’en libérer. On ne peut ensuite, que marcher vers une vie en mieux…
=> Alors, si tu te reconnais dans ces propos, ou situation,
ou que tu connais un proche qui a traversé cela,
n’hésite pas à témoigner dans les commentaires en bas de page.
Il faut rompre cette loi du silence
qui protège malgré nous, la plupart des manipulateurs.
J’ai vécu cela mais, à mon sens, plutôt que de se poser en victime par la suite (ce qui ne fait pas avancer si on reste dans ce schèma, on retombera sur le même type de personnage). Il ne faut
pas tomber dans le « c’est ma faute » non plus mais admettre que « c’est de mon fait » que j’en sois là car il y a quelque chose en nous qui fait que ce PN nous a choisi. Ils nous sentent à des km. Si on ne change pas ce souci chez nous, ca recommencera où nous ne rencontrerons jamais une bonne personne .
Bon courage à tous et toutes car les femmes PN existent aussi 🤷🏻♀️
Karine
bonjour Karine,
Evidement, qu’il ne faut pas rester en mode « victime » sinon c’est le cercle vicieux et l’échec à tous les coups. Mais c’est une étape essentielle de la reconstruction, qui permet d’accepter les faits, de chercher à les comprendre, et surtout ne pas rester dans le déni, ce qui ne fait pas avancer les choses non plus.
Ensuite viendra le long chemin de vie de la reconstruction, avec l’intégration plus ou moins simple des traumatismes vécus.
Mais je reviendrai là-dessus bientôt ! 😉
Au plaisir, belle journée
G