Une antique parole chinoise dit : » La graine est le ciel du peuple. »
La graine, le grain, la semence, le germe de vie du végétal nourrissant la vie.
Tout le savoir autour des graines s’est forgé et transmis par une chaîne invisible, de génération en génération.
C’est ainsi depuis que l’homme sème, plante et récolte. Qu’il sème et/ou plante des jardins, des champs, des forêts.
Tu l’auras compris, ami lecteur, dans la construction d’une vie en mieux il est et sera beaucoup question de la graine.
De ce petit (ou grand d’ailleurs!) volume végétal contenant en soi le germe de plants, de jardins, de forêts, de nourriture pour des milliards d’âmes !
Germination
Le premier point à voir est comment éveiller une graine à la vie, c’est-à-dire : la faire germer.
Avec ma petite pépinière permacole, j’ai à faire germer beaucoup de graines, et surtout d’espèces et variétés diverses.
Je suis donc quotidiennement dans l’étonnement et l’admiration devant cet incroyable élan vers la perpétuation de la vie qu’est la germination.
Je suis un peu (beaucoup ! par passion !) spécialisé dans les plantes exotiques : bananiers, strelitzias, arbres du voyageur, cannas, etc. Dans les arbres fruitiers insolites aussi, comme le xanthoceras sorbifolia, le pacanier, l’asiminier… Cela m’a obligé à apprendre des méthodes spécifiques différentes, et à comprendre l’interrelation entre la germination d’une espèce particulière et son milieu, et ça, c’est passionnant ! Et bien plus pointu et exigeant qu’il n’y parait au premier abord…
Apprendre
Comme la plupart, j’ai commencé mes semis un peu naïvement et grossièrement.
J’appliquai grosso modo la même méthode pour chaque graine. Semer les graines en pots et barquettes en recouvrant légèrement, arroser, éventuellement couvrir, placer à la chaleur, avec un peu d’ombre tout de même, et attendre que ça lève…
Bref, semer un peu tout comme on sème des tomates ! Avec le recul et quand je repense à toutes ces graines qui n’ont pas germé parce qu’il a fallu en passer par une approche un peu trop naïve et universelle abstraite, je ris de mes erreurs passées comme on dit… mais je sais en même temps leur nécessité. Car il faut toujours en passer par l’abstraction pour en arriver à une compréhension concrète et spécifique, c’est-à-dire à une vraie compréhension adaptée à l’objet.
J’ai donc cheminé avec mes essais et erreurs, mes petites inventions pour faire germer les graines, pendant des années… Aujourd’hui, j’ai un terrarium recyclé et des bancs de germination pour mes exotiques, une petite serre pour les fruitiers rares et divers emplacements, plus ou moins à l’ombre, avec des sols et des micro-climats différents, pour le reste… bref, toute une mosaïque de petits lieux adaptés pour faire germer une multiplicité de variétés… du concret et du spécifique !
Conditions de germination
Il faut partir du principe, non que toute graine germe à la lumière, l’eau et la chaleur (approche naïve), mais que chaque espèce végétale à ses conditions spécifiques de germination (approche adaptée et concrète).
Je m’occupe beaucoup de faire germer des graines de bananier. Cela m’a appris énormément. En effet, faire germer des graines de bananiers n’est pas une mince affaire… Il faut faire tremper les graines, s’assurer de leur fraîcheur relative, leur donner certaines conditions bien particulières : lumière, chaleur le jour, fraîcheur la nuit, etc. Pour les palmiers, il faut de l’obscurité… Pour les eucalyptus, passer les graines au feu, mimant un feu de brousse (en Australie c’est par les incendies que les graines germent !)… Certaines graines doivent être stratifiées, c’est-à-dire passer deux ou trois mois au froid… ou un hiver dehors… J’ai donc un frigo spécifique pour la stratification, qui me sert également pour conserver une partie de mes greffons… Il y a même des espèces qui ont besoin du chaud, puis du froid, puis du chaud, ou du froid, du chaud, puis du froid, puis du chaud (halésia carolina par exemple)…
Nous apprendrons ensemble dans des articles plus détaillés comment bien faire germer telle ou telle graine.
Patience, ami créateur de bonheur ! Les forêts ne poussent pas en un jour !
Exemple de technique spécifique : la scarification
Je l’ai déjà évoquée dans un précédent article, la scarification des graines peut être très utile voire nécessaire pour certaines espèces. En particulier les exotiques. Cela accélère et facilite la germination. Il s’agit de trouer ou poncer la coque de la graine afin que l’eau arrive plus facilement à celle-ci, et la fasse germer.
Je viens récemment d’apprendre enfin à faire germer les ravenala. Jusque-là je n’avais pas scarifié ou m’étais contenté d’une scarification de surface, par ponçage, comme pour les cannas ou les strelitzia. Mais en ouvrant une graine, je me suis aperçu que cette graine spécifique ne fonctionnait pas du tout pareil ! Il y a plusieurs enveloppes et une graine infime au coeur pour le ravenala, tandis que la graine est juste derrière l’enveloppe rigide pour les deux autres. J’ai donc commencé à attaquer les graines au couteau, et cette scarification au couteau fonctionne !
J’aime apprendre, et j’aime partager ce que j’apprends. J’espère que tu apprends ici quelques petites choses utiles pour ta vie en mieux, amis créateur de bonheur !
Le ciel du peuple
En conclusion, je reviens sur l’exergue de ce texte.
Le grain, la graine, est le ciel du peuple. Notre savoir universel de comment conserver, semer, multiplier les graines est notre ciel, le garant de notre autonomie nourricière (qu’il s’agisse de semer un potager ou un jardin-forêt).
« Qui contrôle la nourriture contrôle le monde », est l’un des piliers de la domination présente « sur » la vie, contre la Vie.
En conservant et en propageant le savoir autour des graines, en gardant et en partageant les semences nourricières, nous allons à l’encontre de la domination présente, et en cela nous préservons la vie contre ce qui la nie !
Acte ô combien nécessaire !
Amis créateur de bonheur, sachons ensemble préserver ce ciel du peuple qui est toujours là et rayonne en nos coeurs !
Vive la liberté semencière ! Vive la Vie !