Une vie en mieux

Entre art et nature

Imagine un lieu où la nature devient scène, où chaque allée invite à la contemplation, à l’émerveillement, où les arbres dialoguent avec des sculptures et où chaque pas déclenche une surprise. C’est ce qu’est le Jardin Anima, situé sur la route de l’Ourika, à une trentaine de kilomètres au sud de Marrakech.

Ce jardin ne se contente pas d’exposer la botanique : il est une œuvre d’art vivante, un tableau en mouvement, inspiré et orchestré par l’artiste multiforme André Heller. Il offre aux visiteurs un moment de suspension — loin du tumulte de la médina, proche du silence des montagnes et du murmure de l’Ourika.

Histoire du Jardin Anima

André Heller : l’artiste multi-facettes

Pour comprendre Anima, il faut d’abord parler d’André Heller. Né à Vienne en 1947, il a exploré de nombreux domaines artistiques : musique, théâtre, scénographie, installations multimédias, poésie… Le Maroc, il le visite dès les années 1970, et c’est dans ses paysages, ses lumières, son mystère qu’il puise une inspiration continue.

Tombé amoureux de Marrakech, il s’y installe et rêve de créer quelque chose d’unique. Vers 2006, il acquiert un terrain en friche — environ 8 hectares — sur la route de l’Ourika, pour concrétiser un projet de jardin mêlant botanique, art et expérience sensorielle.

Son ambition : créer un « retour au paradis », un lieu qui connecte l’âme (« anima » en latin / grec) à la nature, à l’émerveillement, tout en respectant les équilibres écologiques.

« L’objectif d’André Heller était de créer un espace qui inspire l’imagination, la contemplation et la connexion avec la nature. »

De la friche au jardin enchanté : les travaux

Le terrain, avant sa transformation, était plutôt désertique— une friche au sol rouge, pouvant être irriguée par les eaux de l’Ourika descendant du massif de l’Atlas.

Il faut plusieurs années pour imaginer, structurer, planter, installer les réseaux d’irrigation, concevoir les sculptures et leur mise en place dans le paysage. Le projet est collaboratif : architectes paysagistes, artistes locaux et internationaux, ingénieurs en hydraulique, pépiniéristes… tous participent à cette aventure.

Après 8 années de travail et un investissement estimé à près de 10 millions d’euros, le jardin ouvre officiellement ses portes en avril 2016.

À l’ouverture, le jardin est souvent présenté comme agencé sur environ 3 hectares (parfois on parle de 2 hectares pour les zones visitées), bien que le domaine total acquis soit plus vaste (8 hectares). Des travaux en cours, visible sur le côté du parking, laissent envisager un agrandissement du jardin comprenant un complexe d’accueil…

Que voir, que ressentir ? L’expérience Anima

Une promenade sculptée

Le Jardin Anima est pensé comme une balade immersive, une succession de « tableaux » reliés par de nombreux sentiers. On y croise des massifs luxuriants (palmiers, cactées, arbres exotiques, plantes parfumées), des coins de fraîcheur, des arches, des zones d’ombre, des terrasses panoramiques, et des œuvres d’art disséminées — parfois cachées, parfois majestueuses.

Sculptures, têtes en mosaïque, œuvres de land art, pièces colorées, installations surprises jalonnent le chemin, suscitant le questionnement, l’émerveillement, parfois le sourire, la pause ou la méditation.

Une exposition permanente est dédiée à Hans Werner Geerdts, artiste mystique, ami de Heller, ayant vécu à Marrakech depuis les années 60. Ses œuvres, souvent graphiques, abstraites, composent un fil artistique particulier dans le jardin.

Le jardin Anima : L’art dans la Nature

Le choix artistique est éclectique : influences africaines, asiatiques, surréalistes, pop art. Mais la star du lieu est souvent la « tête en mosaïque » monumentale, qui crache un jet brumisant, et sert de repère visuel et symbolique dans le jardin.

L’un des mérites du Jardin Anima est cet équilibre entre végétation et art : on ne traverse pas un musée dans un jardin ; au contraire, le jardin est le support, le contexte même des œuvres. Tout se mêle et s’entremêle dans une chorégraphie maîtrisée.

Botanique & contrastes

La diversité végétale est grande : palmiers, bananiers, cactus, bougainvilliers, essences parfumées, arbustes exotiques… Plus de 250 espèces y ont été rapportées et implantées.

La disposition des plantations joue avec les contrastes (textures, couleurs, hauteurs, ambiance sèche / humide) pour créer des effets visuels surprenants.

Et, point essentiel, l’hydraulique est un élément clé du projet . Les eaux de l’Ourika et des techniques d’irrigation réfléchies permettent de maintenir ce paradis dans un climat qui, sans eau, serait difficilement tenable.

Sens, pauses, émerveillements

La conception du jardin invite à ralentir : des bancs, des hamacs, des terrasses, des espaces contemplatifs jalonnent les chemins. Le visiteur est encouragé à respirer, observer, se perdre dans les végétaux, se laisser surprendre.

J’ai personnellement été happée par l’un des hamacs, où j’ai apprécié une petite sieste matinale au soleil, entourée de végétation luxuriante, de chants d’oiseaux, et de bruits d’eau.

Puis j’ai profité de la terrasse déserte du bâtiment, pour un léger déjeuner épicé, au soleil. En fond visuel, les montagnes de l’Atlas qui me fascinent depuis mon arrivée à Marrakech ! Un doux moment de quiétude, avec les jardins en contrebas.

Jardin Anima en pratique : horaires, tarifs, accès & conseils

• Le jardin est ouvert quotidiennement de 9h à 18h (avec quelques ajustements selon saisons)
• Le tarif d’entrée est d’environ 120 dirhams pour les touristes, tarif réduit pour les enfants/adolescents.
• Une navette gratuite est assurée depuis Marrakech, ce qui rend la visite accessible même sans voiture.
• Réserver en avance peut être judicieux, surtout aux périodes touristiques, car le nombre de visiteurs est limité.
• Prendre ton temps : 2h à 3h (voire plus) pour bien profiter des surprises du chemin.
• Restaurant sur place, avec un toit panoramique et une vue sur l’Atlas qui fascine.
• Visité en janvier, en matinée c’était calme et agréable. Il a commencé à y avoir du monde dans l’après midi, je suis partie !

Interprétations & pistes de réflexion

• Anima signifie « âme, souffle » : ce nom traduit l’intention d’allier nature vivante et puissance artistique, de donner vie à un lieu qui respire et parle.

• Le jardin invite à une approche sensorielle de l’art. Ici, on ne contemple pas de loin, on circule, on se surprend, on se retrouve, on se découvre dans chaque recoin.

• On peut voir Anima comme une expérience philosophique :

  • comment l’art peut-il dialoguer avec la nature ?

  • comment ressentir l’échelle du temps ?

  • comment retrouver l’enfant émerveillé qui guette à chaque tournant ?

• Dans le contexte marocain, Anima se détache aussi comme un projet croisé : importation de vision artistique globale, mais aussi enracinement local (artistes marocains, adaptation au climat, dialogues avec la culture du lieu).

Personnellement, je me suis laissée guidée par mon instinct pour découvrir avec ravissement ce jardin étonnant. J’ai vraiment adoré cette visite et les heures que j’ai pu y passer. Un instant hors du temps, au milieu de ce qui m’est le plus cher : la Nature verdoyante. 💚

Jardin étonnant et surprenant dans tous les sens du terme… à visiter absolument !

Diaporama de ma visite

A travers quelques images faites sur place, je te laisse découvrir virtuellement parties de ce magnifique endroit.